Les dieux de la météo sont avec nous ! Eté indien dans cette Margeride parée de lumière automnale et de teintes somptueuses...
En route pour une escapade autour de Lajo, à la recherche du passé, sous la houlette de Marie-Hélène Soubiran...Qu'allons-nous découvrir ?
La file du covoiturage s'étire sur la route Ferluc-L'Estival avant Lajo et s'arrête pour une tentative de datation : " une croix sur une pierre". Menhir christianisé (croix planté sur le dessus) ? Pierre des Morts c'est-à-dire reposoir pour les cercueils qui montaient vers l'église de Lajo ? les traces de débitage sont soigneusement examinées par Gilbert Fages, archéologue et Christian Lapointe : pas de conclusion probante !
La "caravane" reprend la route pour une halte à l'église de Lajo et son cimetière ancien. L'édifice actuel a été précédé d'une chapelle érigée autour de 1720 mais qui s'est effondrée. Elle avait été bâtie avec les pierres de l'Hospitalité de Saint-Jacques ou de Lajo. Cette nouvelle église du XIX° siècle a également été bâtie avec ces mêmes pierres ; c'est donc une église "moderne" mais de belle facture , rappelant les édifices romans.
Nous avançons vers la Haute-Loire et la commune de Chanaleilles pour aller découvrir "le village abandonné", situé au lieu-dit "Salabert" (toponyme germanique) et qui s'appelait probablement "Rivagènes". Construit à flanc de colline, orientation NO-SE, il se cache aujourd'hui dans une magnifique hêtraie et se compose - actuellement - d'une trentaine de structures ; celles, situées tout en haut du village, sont les mieux conservées.
Il est encore possible de voir des murets et même d'en distinguer l'entrée principale. Les maisons étaient divisées en deux parties (habitation et étable), parfois adossées à des rochers pouvant alors servir de murs et recouvertes de tourbe.
Ce village - datant au moins du IX° siècle - a été déserté au XIV° pour des raisons restant hypothétiques : famine ? épidémies ? attaques à main armée ? Cette dernière cause ayant été évoquée par M.Jacques Jourdan ( bulletin n° 30 du CERBB ); il y voit la dévastation ordonnée par l'Evêque de Mende Guillaume de Peyre alors en lutte contre des seigneurs dissidents Pons Douchanès et Pons de Montlaur qui continuaient à rendre hommage aux Comtes de Toulouse et donc au Roi d'Aragon, voulant ainsi faire obstacle au passage de la Croisade contre les Albigeois.
Découverte d'une large pierre de granite parfaitement plane...
Nous rebroussons chemin en laissant, au loin, le magnifique Domaine du Sauvage pour un arrêt au Col de Saint-Roch : sa fontaine miraculeuse censée guérir les maladies de peau et ses ruines de l'Hospitalet de Saint-Jean. Le nom de Saint-Roch ne lui a été attribué qu'au XIX° siècle, auparavant "Col de l'Hospitalet de Saint-Jean".
Vestiges d'une construction ancienne...
Nous revoilà à Lajo... Nous partons pour une petite randonnée pédestre, en empruntant le chemin longeant le nouveau cimetière, pour aller croiser "le chemin des loups ou des Layronos" (portion allant de Sainte-Rulalie à l'Estival). Son nom renvoie aux attaques des bandits de grands chemins ou aux octrois excessifs levés par les seigneurs riverains.
Arrivée à la clairière où subsistait il y a encore peu de temps une légende mystérieuse relative à une construction habitée "d'hommes en blanc"...
Il y a, dans ce lieu, beaucoup de pierres ayant pu, effectivement, servir à une construction...Mais plus intéressantes et posant questionnement une pierre à cupule et surtout une étrange pierre levée en granite non autochtone (remarque de Gilbert Fages). Datation ancienne voire antique mais sans certitude !
Pierre à cupule.
L'étrange pierre levée...
Texte : © Marie-Hélène Soubiran.
Photos : © Daniel Mathieu et © CERBB
Le soleil décline au couchant ; il est temps de s'en retourner qui vers Saint-Alban, qui vers Saint-Gal, qui vers Banassac et pour le plus grand nombre vers "la capitale lozérienne" , non sans avoir chaleureusement remercié Marie-Hélène, notre guide d'un jour, avec sa culture, son humour mais surtout sa passion pour "sa" Margeride, dans les pas de feu son érudit de papa !
( © P.O.)