Pour beaucoup, le département de la Lozère dans sa globalité est pourvu en silex, roche cassante de laquelle l'homme préhistorique a tiré éclats et lames, supports des premiers outils et armes de chasse.
Bien plus tard il sera recherché pour la production de pierre à fusil et autres pierres à feu (briquets) ou encore de meules de moulin par assemblage de larges fragments à l'aide d'un liant adapté.
Pourtant, les bassins du Malzieu et de Saint-Alban-sur-Limagnole offrent des gîtes d'importance. Le plus remarquable , tant en quantité qu'en qualité, est à Saint-Léger-du-Malzieu, bourg baigné par un méandre de la Truyère.
Le matériau siliceux,- silexites ou silcrètes des spécialistes - coiffe le moutonnement collinaire entre le bourg et le hameau de la Vessière. La puissance de cet entablement plus ou moins disloqué est de l'ordre d'un mètre . Il a fait l'objet d'une notice spéciale de BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minéralogiques) éditée en 2014.
Il est présenté au Géoscope de l'aire de la Lozère (autoroute A75) avec le descriptif suivant : "SILEXITE : roche sédimentare siliceuse .Ere tertiaire - Eocène ou Oligocène - 35 millions d'années. Formation : banc de silex épais de 1 à 2m, reposant sur des argiles vertes lacustres du terrain du Malzieu partiellement silicifiées. Composition : silice diversement colorée par des oxydes de fer. Utilisation : à l'époque préhistorique pour fabriquer des outils, et plus tard pour tailler des pierres à fusil".
Hors sol, donc très facile d'accès, l'homme préhistorique en a débité et transformé les rognons de bonne qualité dès le Paléolithique moyen, entre 100 000 et 40 000 ans avant notre ère.
La mention initiale , due à l'abbé G.Delaunay, paraît dans le Courrier de la Lozère en 1866 sous l'intitulé surprenant " Découverte d'objets celtiques à St-Léger-du-Malzieu". L'annonce sera intégralement reprise par M.Boule , géologue et paléoanthropologue sous un titre plus conforme "Un atelier de l'âge de la pierre à St-Léger-du-Malzieu" (Matériaux pour l'Histoire primitive et naturelle de l'Homme, 1870). En 1887, il a lui-même récolté de semblables artéfacts dans les alluvions anciennes laissées par la Truyère en amont du Malzieu.
L'après-midi du 23 juin, un groupe du CERBB n'a pas craint les prémices de la chaleur caniculaire pour effectuer le déplacement et gravir la colline entre la Mairie - le Rachas et le haut des Peyrouses, en direction de Las Gazelles.
Chacun a pu se familiariser avec ce matériau bariolé et l'état présent du gîte dans un secteur péri-primaire parcouru - au Moustérien - par les Néanderthaliens qui ont laissé de nombreuses traces de leurs passages et de leurs collectes sous forme de déchets de débitage.
Cependant , l'extension galopante des prairies de fauche, après déforestation et dérochage, amenuise d'autant les zones d'observation et d'étude , donc le potentiel archéologique du gisement qui, lui, n'est pas renouvelable !
Dérochage
Après le 15 août, une conférence informative ouverte à tous sera proposée à St-Léger-du-Malzieu par l'équipe (archéologues, préhistoriens et lithiciens) qui travaille depuis plusieurs mois sur le sujet avec l'objectif d'une publication monographique des acquis.
Texte : © Gilbert FAGES. Photos: © Daniel MATHIEU