A l’affiche !

                 Un soldat…un emprunt…un célèbre slogan…

Qu’est-ce qui peut donc les réunir ? Tout simplement une affiche de 1916, mais quelle affiche !

 

Due au talent d’Abel FAIVRE (1867-1945), peintre, illustrateur et caricaturiste et au remarquable travail d’imprimerie de la Maison BEVAMBEZ.

 

Elle met en scène un soldat, jeune, arme à la main, cri à la bouche, bras levé qui exhorte dans ce geste théâtral à le suivre et à monter à l’assaut…Scène portée vers l’avant, comme prise sur le vif mais hautement symbolique ! Ce Poilu est le descendant de la Révolution française car tout comme en 1792, la Patrie est en danger en cette année 1916 : militairement mais aussi économiquement. L’effort de guerre est intense et pesant ! Il faut donc conjurer tous ceux de l’arrière à y participer en souscrivant à “ce 2° emprunt de la Défense nationale“, rappelé sobrement en bas et à droite de l’affiche .

[ En Lozère, 120 000 habitants, 28 000 mobilisés, 5,5 millions de francs souscrits pour 5,4 milliards en France ]

 

Mais le plus remarquable en reste le slogan : “On les aura !”. Extrêmement simple mais percutant : trois mots ( 2 lettres, 3 lettres, 4 lettres) ponctués par un point d’exclamation; il est compréhensible par tous ( langage courant)  et fait appel non point au raisonnement mais à l’émotion.

D’où vient la formule ? Paradoxalement, d’un message-ordre du jour  prdinaire comme tant d’autres de Pétain le 9 avril 1916 à l’adresse des soldats embourbés à Verdun…Il faut courageusement tenir mais avec une certitude, celle de la victoire finale !

 

Cette exclamation lapidaire aura un retentissement  national et local car reprise dans des chansons, des cris de guerre, des dessins de presse, des cartes postales , des publications scolaires…“Ce mot est entré dans l’Histoire” écrira même, dès le 1° mai 1916, le maire de Mende Emile Joly dans son journal…

 

Affiche au succès éclatant et inattendu grâce,  et surtout,  à son slogan, synonyme de ténacité. La force de ce dernier ? Il peut servir et servira dans des domaines varués et parfois “déconcertants”, à toutes les idéologies et appropriations et même à des combats antimilitaristes !

 

 Cette lecture-décryptage- mêlant solide fonds historique et humour- fut magistralement assurée par monsieur David Davatchi, directeur départemental de l’ONACVG, devant de nombreux  adhérents et sympathisants du CERBB qui l’en remercient, encore une fois, vivement.

 

 

David Davatchi