Près de 50 participants au Centre d’Etudes et de Recherches, ce mercredi 22 mars pour la conférence de M. Pascal Beaury sur « Le Château du Tournel».
Le château du Tournel est un élément visuel incontournable de notre haute vallée du Lot. Installé sur son rocher de schiste depuis le XIIème siècle, son nom prouve qu’il ne fut certainement au départ qu’une modeste tour (tornellum). Propriété des barons du Tournel dont l’origine n’est pas clairement définie, il était situé au cœur d’un vaste territoire qui reliait les bords du Causse de Sauveterre au début de la vallée de la Cèze et englobait le vaste mont Lozère. Cette baronnie était l’une des huit baronnies du Gévaudan et certainement l’une des plus puissante.
La pierre de schiste s’est formée à partir des anciens sédiments des fonds d’un vaste océan peu profond qui recouvrait la région toute entière. Il y a plus de trois cents millions d’années, ces sédiments entrainés en profondeur suite à des déplacements de l’écorce terrestre, vont subir des pressions et des températures très élevées. Le résultat est ce matériau organisé en feuillets plus ou moins épais et composé entre autre de mica, de quartz et de feldspath. Cette pierre facile à cliver va permettre la construction de la plupart des ouvrages de la Haute vallée du Lot et déterminer son architecture homogène.
Le château organisé pour la défense présente toutes les caractéristiques d’un ouvrage avant tout militaire (vestiges de remparts, donjon, réduit, bretèches etc..). Les barons du Tournel sont au centre de leurs possessions et contestent le plus souvent l’autorité des évêques de la cité épiscopale de Mende. Mais en 1161 Aldebert III prête hommage au roi de France et celui-ci reconnaît la puissance temporelle de l’évêque. Il faut attendre malgré tout la découverte des reliques de Saint Privat à Mende pour qu’enfin les barons prêtent alors progressivement allégeance à l’évêque. Au début du XIVème siècle, le grand château du Tournel est délaissé pour le château du Boy dans le Valdonnez. Au XVème siècle il n’y a pas d’héritiers directs du seigneur et la lignée semble s’éteindre.
Cet ensemble remarquable a longtemps subi les assauts du temps et les pillages incessants des habitants voisins. Plus récemment une évolution négative des bâtiments amène la collectivité à se mobiliser pour sauvegarder un ouvrage important de notre mémoire, de notre histoire et de nos savoir-faire. Un territoire qui ne sait pas sauvegarder les mémoires bâties importantes de son passé ne saura pas construire son avenir…