Le Prieuré Saint Sauveur de Chirac

 

Aujourd’hui devenu église paroissiale de Bourgs- sur-Colagne (Nouvelle commune regroupant Chirac et Le Monastier)

 

prieure chirac

Le 26 mars 1062, Aldebert de Peyre – évêque de Mende – et son frère- le seigneur Astorg de Peyre – fondent le Prieuré de Saint Sauveur de Chirac dans la basse vallée de la Colagne. ; ils le “donnent” ensuite à la puissante abbaye bénédictine de Saint Victor de Marseille.*

Les intérêts politiques des deux donateurs sont clairs : en soutenant l’expansion de l’abbaye marseillaise en Gévaudan, ils s’assurent que le siège épiscopal de Mende est entre leurs mains, ce qu’ils réussiront jusqu’en 1151.

Mais, également, ce prieuré est fondé  ” pour obtenir de la miséricorde divine la rémission de leurs péchés et se rendre le Seigneur propice au jour du jugement”  Ainsi, le bien est destiné à se transformer, par les mains de l’Eglise, en un bien spirituel.

Le 24 août 1095, l’église prieurale est consacrée par le pape Urbain II, renforçant ainsi sa légitimité territoriale.

Urbain II

 Urbain II

Une grande partie de la documentation médiévale de ce prieuré est conservée aujourd’hui aux Archives départementales de l’Aveyron dans le fonds du Collège des Jésuites de Rodez.**

Parmi ces sources médiévales, un cartulaire-rouleau de 3,30m de long a traversé les âges et rassemble à lui seul 68 actes datés de la fin du XI° à 1226. Dans un univers documentaire souvent qualifié de “désertique”, ce document est une véritable mine d’informations  qui  apporte un éclairage essentiel sur la configuration politique et sociale du Gévaudan en cette période.

cartulaire rouleau fond

Cartulaire-rouleau

Ce sont exclusivement des documents de gestion destinés à garantir un souvenir des contrats effectués avec l’aristocratie environnante et pouvant aussi servir d’instruments judiciaires dans le cas d’éventuels procès. Ces sources médiévales du prieuré sont utiles pour l’historien qui souhaite comprendre les raisons d’une telle installation, dans un tel lieu…

 

Situé à 1,2 km, au sud de Chirac, le prieuré établit très tôt des relations avec l’ensemble des seigneurs locaux et se dote d’un patrimoine foncier important qu’il s’empresse de valoriser.

Ainsi, dès leur arrivée , les moines bénédictins décident d’aménager le cours de la rivière – La Colagne – pour réguler son débit et faciliter l’installarion de moulins, régulièrement évoqués dans les souces de l’établissement.

Les défrichements et la mise en culture des terres de la vallée, cultures en terrasses, ont été source d’enrichissement pour les moines qui se comportent comme de véritables seigneurs locaux.

Enfin, le prieuré Saint Sauveur de Chirac est le promoteur d’une industrie lainière précoce grâce à leur patrimoine important en Terre de Peyre ( région de transhumance ovine) et à l’utilisarion des eaux de La Colagne dont les vertus permettent un dégraissage efficace de la laine.

 

 

L’abbaye bénédictine Saint Victor de Marseille, au début du XIII° siècle, en Languedoc, possède 71 abbayes ou prieurés dont 2 en Gévaudan. Le plus célèbre abbé de Saint Victor sera un gévaudanais, le futur pape Urbain V.

** Les Jésuites du Collège de Rodez chasseront les moines bénédictins du prieuré Saint- Sauveur de Chirac  et, devenus maîtres des lieux, répareront l’église monastique après les destructions de 1583.

 

 

 

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               Conférence proposée, à l’invitation du CERBB, par M. Adrien Donnadieu (enseignant en histoire-géographie au lycée Notre-Dame de Mende) qui a présenté les résultats de ses recherches.

                                       [ “Saint Sauveur de Chirac. Constitution du domaine monastique du prieuré bénédictin entre 1062 et 1260”. Mémoire de Master 1 soutenu à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand. Juin 2015 ]                                                   

 

 

Pour aller plus loin…

Cette église monastique n’a plus ni sa façade ni son chevet  d’origine détruits en 1381 par les Guerres de Religion.

Elle a, en revanche, quelques vestiges des défenses aménagées au temps du pape Urbain V vers 1366. Celui-ci agrandit, peut-être l’édifice, construisant à son chevet  une tour carrée aujourd’hui disparue .

A l’extérieur , l’église ne cache point  qu’elle fut jadis forteresse : on voit la grande rainure par où descendait la herse ou sarrasine et, à l’angle sud, une échauguette est accrochée, percée de meurtrières.

A l’intérieur , nombreuses statues de bois, fonts baptismaux en bois, bénitier en pierre…

Elle possède aussi un curieux reliquaire ( fut-il donné par Urbain V ?) dont la liste des reliques est impressionnante : bois de la vraie croix, pierre du saint sépulcre, ceinture de la Vierge, ossements de plusieurs saints… Il était exposé lors de grandes calamités : grêle , inondation, épidémies..

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 Photos  © CERBB.mars 2019.