Albert Camus et l’Algérie

Pour Camus, Alger fut le lieu de naissance, imprégné par la pauvreté transcendée par le soleil, la mer, la beauté des paysages, la sensualité, l’Histoire. De bonheur et de souffrance, d’espoirs et de désillusions, de solidarité aussi, apportée par le théâtre et le football. L’Algérie, présente dans une importante partie de son œuvre, a toujours été le lieu du ressourcement.

Les textes sont très explicites sur la position de Camus face à l’Algérie du quotidien et face au déchirement que fut pour beaucoup la guerre d’Algérie : Camus n’a jamais écrit qu’il était favorable à l’indépendance de l’Algérie ou favorable au maintien du statu quo à son époque, mais il n’a cessé, avec l’audience et l’engagement qui étaient les siens, d’écrire, de prendre part à des réunions publiques, d’organiser des rencontres pour tenter d’éviter le bain de sang et pour améliorer la vie quotidienne des populations qui vivaient en Algérie : très nombreux articles dont ceux consacrés à « Misère de la Kabylie », soutien au projet Blum-Violette et l’« Appel pour une trêve civile en Algérie », le 22 janvier 1956 au Cercle du Progrès, à Alger, dans des conditions de sécurité très difficiles. Et il faut rappeler que Camus est mort le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture : nul n’a donc le droit ni le devoir de parler ou d’écrire à sa place quant à la fin de la guerre d’Algérie.

J-L Meunier a longuement cité Camus. Et la phrase sur la mère et la justice doit être lue dans son contexte qui montre la générosité de Camus : la violence ne règle rien, c’est à chacun de savoir en toute conscience exercer la mesure, qui nous honore, et non la démesure, qui génère les atrocités.

Le conférencier a proposé quatre pistes de réflexion sur le monde actuel à partir de celle de Camus et de son engagement pour la paix, la justice, la liberté, et une Europe de paix qu’il a toujours prônée : attention constante et aide à celles et ceux qui souffrent, prévalence du dialogue où chacun écoute l’autre, que le XXe siècle serve d’exemple de ce qu’il ne faut plus faire. Enfin, « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde » (Camus) : à nous de bien nommer ce qui grandit l’être humain et apporte le bonheur à ce monde dans lequel nous vivons. Attitudes très exigeantes, personnellement et socialement, mais dont nous sommes tous capables et redevables aux autres.

De nombreuses questions et des témoignages de personnes appelées en Algérie ont suivi cette conférence, écoutée par un public nombreux. Le conférencier intervenait aussi au nom de l’Association Partages culturels en Provence.

 

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À gauche : Jean-Louis Meunier (conférencier) ; À droite : Public