Pierre Aristide Maurin est né le 9 mai 1877 à Oultet, un village sur le Mont Lozère. Dès son plus jeune âge il aide son père dans son travail d’agriculteur, fréquente l’école. La famille est très unie, le malheur s’abat sur le foyer quand sa mère meurt en couches. Pierre a cinq ans. Le père, un catholique pratiquant, lui enseigne les valeurs du Christianisme. En 1885, il fonde une nouvelle famille. Pierre poursuit sa scolarité chez les Frères à Mende puis sa formation aux noviciats à Paris. Il enseigne dans la région parisienne, en 1902 il ne renouvelle pas ses vœux.
Jean-François SALLES, Conférencier
En 1909, il part pour le Canada, à partir de 1911 il dérive à travers l’Amérique en effectuant divers types de travail manuel. Son esprit est ailleurs. Il regrette que la société ne suive plus l’Évangile. La vie sociale s’est organisée autour de la volonté de production et de recherche de profits s’éloignant ainsi de l’épanouissement des personnes. Selon lui, l’église a une réponse à tout cela. L’encyclique papale de Léon XIII inaugurait la doctrine sociale de l’église catholique.
Maurin s’oriente vers l’écriture en rédigeant de petits poèmes (Easy Essays) et commence à échafauder le projet d’une société où il serait « plus facile pour l’homme d’être bon ». Il vit religieusement dans le célibat et la pauvreté volontaire comme saint François d’Assise.
En 1932, orateur mais aussi parfois agitateur il fréquente les parcs new-yorkais.
Peter Maurin devant le centre – Mott Street – New York © Marquette Universit
Son accent français et sa lueur visionnaire l’aident dans sa réussite. Il rencontre des journalistes qui lui conseillent de rentrer en contact avec Dorothy Day, une journaliste, « qui pense comme lui ». De cette rencontre naîtra le mouvement Catholic Worker (Mouvement des travailleurs catholiques).
Ensemble, ils lanceront un mensuel. Le 1er mai 1933 le journal The Catholic Worker est distribué à Union Square et dans les rues de New York.
Peter Maurin dans son programme « la Green Revolution » proposait en 3 points : d’organiser des « maisons d’hospitalité » pour la pratique des œuvres de Miséricorde (nourrir, habiller et loger les démunis), de développer « les tables rondes » (clarifier la pensée, instruire…) et d’implanter « des fermes agricoles » (apprentissage de l’agriculture, premier pas vers une économie communautaire décentralisée ». Maurin a vécu pour voir enfin ses idées mises en œuvre mais son activité ne dura guère plus de 10 ans. Il mourut en 1949 à l’âge de 72 ans. Bien que son message soit davantage identifié avec Dorothy Day, elle a toujours crédité Maurin de son inspiration.
Aujourd’hui le mouvement perdure avec de nombreux ouvrages et thèses, la diffusion du journal, 249 maisons dans le monde. La cause en béatification de Dorothy a été ouverte en 2000 par le pape Jean-Paul II. Malgré ses Easy Essays, sa Révolution Verte… Maurin reste aujourd’hui encore oublié en France.