Le carré militaire de Mende

Trop souvent méconnus et bien différents des nécropoles et cimetières militaires sont les 2000 carrés militaires communaux . Le cimetière Séjalan I abrite l’un d’eux...Qui en connaît l’histoire ? Qui repose là ? Qui l’entretient ? Autant d’intrigantes questions auxquelles M.David Davatchi, directeur départemental de l’ONACVG, a répondu de façon détaillée, toujours très documentée et passionnée..

 

Les carrés militaires sont le résultat d’une évolution récente ; ce n’est qu’à partir de la loi de 1873 que les fosses communes des champs de bataille firent place aux sépultures militaires aménagées, ancêtres du “carré”. Décembre 1915, la sépulture pour tous “les Morts pour la France” devient individuelle et permanente avac l’entretien confié à l’Etat, à perpétuité. Ce n’est finalement qu’en 1920 que naissent “les carrés militaires communaux” après convention entre communes et Etat ; ce dernier leur demandant néanmoins de faire “preuve de générosité et de piété patriotique” en abandonnant par exemple les indemnités forfaitaires à recevoir ! 

Aujourd’hui, l’entretien est assuré par l’Etat pour 19%, le Souvenir Français (contrats) pour 29% et par les communes pour 52%…Le désengagement de l’Etat se poursuit inexorablement, en témoigne la somme  vraiment symbolique – un euro cinquante – reçue en 2017 pour chaque sépulture…

 

Le carré militaire de Mende comptait : en 1925, 61 tombes ; en 1940, 65 ; à la Libération, 67. Trois prisonniers allemands décédés dans l’entre-deux guerres y seront inhumés jusqu’à leur transfert en 1971 en Alsace. Plusieurs corps ayant été réclamés par les familles, il compte aujourd’hui 51 tombes. Seules 49 sont prises en compte pour les indemnités mais les refusées resteront là, la ville leur offrant, en hommage public, la sépulture perpétuelle et son entretien.

Pour son aménagement dès 1932, Mende choisit des artisans locaux  et –  lors des rénovations successives – des aménagements identiques pour chacun. L’aspect très règlementé, standardisé des tombes (absence de portraits, de plaques, de médailles ; cercueils identiques…) a pour objectif l’égalité absolue républicaine dans un hommage national. Seul le signe religieux distinctif est autorisé.

Ainsi, de Waterloo à Verdun, on est passé de la fosse commune à la rationalité sociale du cimetière militaire dans une homogénéité voulue…Des autres carrés lozériens – Langogne, Saint-Chély d’Apcher, Marvejols, Florac – seul ce dernier perdure en accueillant une sépulture militaire.

 

De par ses dimensions, son minutieux entretien par les service municipaux et les bénévoles du Souvenir Français, son panneau historique explicatif récemment implanté à l’initiative de M.Davatchi, le carré militaire mendois se révèle “pionnier” ! D’autres projets verront sans doute prochainement le jour afin de rendre ce lieu plus accessible, bien valorisé car il peut, dans un nécessaire devoir de mémoire, “raconter tant de choses” !