En marge de la préhistoire

Conférence de MM. FAGES et VAQUIER du 13 janvier 2016

 

 Lou Clapio

 

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Lou Clapio, habitat protohistorique de hauteur

            Les membres du CERBB, étaient invités cette fois à une séance archéologique mettant bien en lumière la manière de procéder des chercheurs pour sonder un habitat protohistorique de hauteur. A cause de son exceptionnelle valeur patrimoniale le choix s’était porté sur Lou Clapio. Jacques VACQUIER et Gilbert FAGES, deux chercheurs confirmés de grande valeur, ont communiqué tous les deux sur l’enceinte protohistorique de hauteur du Clapio.

            À 890 m d’altitude, elle domine de 360 m la confluence Lot-Urugne : l’enceinte du Clapio à Banassac (Lozère) couronne une avancée du rebord septentrional du causse de Sauveterre. Reconnue en 1987, elle a fait l’objet de deux sondages d’évaluation de 1988 à 1991. Ils dévoilent les grandes lignes de l’architecture du rempart et de son entrée plutôt originale. Ce dispositif en arc de cercle (265 m de long, 8 m de large et 4 à 5 m de haut), en pierres sèches brutes, complète les défenses naturelles de la corniche flanquée de falaises. La superficie enclose avoisine un hectare.

            La définition de « cap barré » ne s’applique pas à ce site car il ne s’agit pas d’un éperon dont l’isthme serait barré par un mur. Si le plateau forme effectivement une avancée, Lou Clapio présente la particularité de murailles prenant appui sur l’à-pic de la falaise.

            Le premier sondage a permis d’observer une coupe transversale, mais conservatrice, du barrage-rempart au sud, là où il offre sa plus grande ampleur, éboulis de calcaire local gélif dont la largeur apparente atteint 15 m avec un relief moyen de 4 m.

            Le second sondage a mis au jour une partie de l’entrée large de 3,20 m. Ce passage charretier, sorte de chicane, était défendu d’un côté par un renforcement circulaire, fausse tour. Il était fermé par une porte en bois à deux ventaux pivotants vers l’intérieur grâce à deux solides poteaux. Le terrain conserve, en négatif, les traces de ce dispositif. La quantité de pierres de jet (petits galets calibrés) atteste de la violence des assauts.

            Les aménagements domestiques adossés au parement interne du système défensif (trous et calages de poteaux, pavages, départs de murs, foyers), ensevelis sous une puissante sédimentation, renseignent sur l’organisation, les ressources alimentaires et la culture matérielle des occupants. Les macro-restes recueillis mêlent céréales et légumineuses (vesces ou ers). Les fragments de meules prouvent aussi l’utilisation sous forme de farines. Les restes de faune sont variés : bovins, ovins, suidés.

            Les nombreux tessons épars sur les sols d’occupation proviennent de récipients modelés à bord droit et à fond plat ou à pied annulaire bas. Les décors, parfois excisés, sont très rares. Les fragments de fusaïoles témoignent de l’activité de filage de la laine. Le mobilier métallique, bronze et fer, se résume à de petits éléments. On relève sur les deux sondages des indices de minerais et résidus de fonte qui accréditent la pratique d’une petite métallurgie artisanale. Le point encore non défini, et pourtant essentiel, est la ressource en eau.

            Le site du Clapio, fortifié et occupé semble-t-il à la fin du premier âge du Fer (Ve siècle avant Jésus-Christ), constitue une réserve archéologique à protéger absolument. Son fort potentiel est capital pour l’étude des enceintes à rempart de pierres et, par delà, pour la connaissance générale de la Protohistoire des Grands Causses et du Gévaudan.

               Après un exposé talentueux et bien nourri des deux conférenciers passionnés par leur sujet, comme l’ont bien montré les longs applaudissements, force de constater la grande importance de ce site. Encore merci.

 

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Le sondage à l’entrée du Clapio en 1991.

 

 

 Le diaporama de la conférence