À la Cham des Bondons au sens large, entre le col de Montmirat et Fontpadelle au nord et Bédouès/Cocurès au sud, l’érosion s’est jouée des dépôts sédimentaires de l’ère secondaire. Cinq croupes de calcaire jaunâtre dominées par deux buttes au galbe parfait soulignent le flanc sud du massif de granite du Mont Lozère.
Ces horizons immenses, dénudés et silencieux exercent une sorte de fascination. Est-ce la raison qui a poussé les premiers colons de la fin du Néolithique à marquer ce paysage de 150 monolithes de granite ?
Les traces de ces bergers et bâtisseurs consistent en des stations de surface signalées au chercheur averti par des déchets de débitage des roches cassantes, des fragments de meules et des tessons de poteries modelées et aussi par quatre sépultures collectives sous dolmen du groupe des Grands Causses.
Les menhirs, blocs le plus souvent naturels choisis pour leur forme élancée parmi les chaos de granite des pentes du Lozère furent halés à l’aide de rouleaux de bois, de leviers et de cordage jusque sur leur point d’érection désigné sans doute de longue date. Certes les plus grands ne dépassent pas les 5,50 m mais leur poids est considérable. Ils représentent un effort colossal pour une fonction qui nous échappe… Certains semblent circonscrire un replat sommital, d’autres affirmer les points caractéristiques d’une ligne de crête.
Tous couchés par les vicissitudes du temps, ils sont toujours plus menacés par les aménagements fonciers. Un programme de restauration a permis d’en redresser 80 entre 1983 et 1995. On y accède depuis la RD 35 entre le Col de Montmirat et Runes.
Malgré les conditions climatiques peu favorables un groupe du CERBB, conduit par l’archéologue Gilbert Fages s’est retrouvé à Montmirat pour marcher sur les pas du Dr Morel, auteur en 1959, d’une description documentée de ce groupement de pierres droites qui, on le sait aujourd’hui, mord sur les franges du causse de Sauveterre. La visite débute par le groupe de Montmirat, un monolithe couché dans la forêt. Ce bloc élancé a subi une tentative d’exploitation historique attestée par un alignement longitudinal d’encoches caractéristiques de l’éclatement par coins. Par chance, le maçon-carrier, contrarié par la chute d’une écaille, a abandonné sa tache.
Le deuxième arrêt, au parking des menhirs, permet de faire le tour de l’aire de la Pierre des Trois Communes en tête du groupe 1 du causse de la Fage. Tout près des blocs érigés subsistent les traces de plusieurs tumulus, dont un, ceinturé par un péristalithe de dalles jointives, abritait une incinération datée de la fin de l’âge du Bronze. Un peu plus loin sur la croupe en direction des Combettes, se profile la silhouette d’un modeste dolmen-tumulus. Une simple chambre quadrangulaire, dépourvue de sa dalle de couverture, noyée dans un tertre circulaire construit en calcaire local.
La visite prend fin à Caoussou Viel, croupe éventrée par la carrière de granulats, où se dressent, depuis La Fare à Bosc Arnal, les plus grands éléments : un de 5,40 m, un autre de 5,35 m est incomplet puisqu’il a perdu son sommet par fracture en sifflet.