Mont Lozère : colonisation préhistorique d’un milieu difficile

 


Le mont Lozère

 

Sans nul doute, le département de la Lozère dans sa globalité possède  un potentiel archéologique certain, malheureusement peu exploité.Le constat vaut plus encore pour la Préhistoire ancienne et les zones granitiques d’altitude – le mont Lozère par exemple – reflet de l’absence de préhistoriens plutôt que le manque de sites.

 Sur le mont Lozère, quelques randonneurs attentionnés découvrent régulièrement de discrets artefacts en roches cassantes. Ces pièces collectées, qualifiées de “fortuites”, paraissent souvent isolées…Mais, parfois, elles conduisent à la mise en évidence de stations de surface occupées durablement ou investies régulièrement ( saisonnièrement ?).

Approfondir la prospection même par des “spécialistes sachant voir et reconnaître” est bien aléatoire. En effet, les terrains lisibles avec sols bien “lavés” sont extrêmement limités : ornières des pistes, talus d’érosion et nappes de scories dues au traitement de plomb argentifère des filons proches encore peu végétalisées malgré la progression de l’enrésinement naturel.

Ces dernières années, le recueil de nouveaux produits lithiques par Hugues Paris a enrichi les sources archéologiques.

 

Quatre flèches

Pointes de flèches : les Sagnoles, le Mounio, étang de Barrandon (2 pièces)

 

 

Ainsi, l’examen typologique détaillé de ces produits en roches cassantes, principalement des “chailles” – silex des calcaires du Jurassique – provenant des Causses voisins mais aussi des silex fins, plus propices à la taille, d’origine lointaine, assuré par Gilbert Fages, fournit de précieux renseignements.

 

Pointes étang Barrandon Cham Bondons Chazalets

1, 3 et 4 : étang de Barrandon ; 2 : Cham des Bondons ; 3 : les Chazalets

 

 

Les points de collecte situent quatre installations durables, avérées   : autour de l’étang de Barrandon et Roc del Chi Fol / deux probables : une au nord du Serre des Countrats et l’autre, décalée, au levant dans le secteur de la Pierre Plantée et des sources du Tarn. Parmi les 700 pièces de la station du Peschio; plusieurs pointes de Gazel (définies à partir des artefacts de la grotte Gazel dans l’Aude) remontent au Mésolithique final , 7000 à 6000 av.JC, époque où les terres gévaudanaises investies par les derniers chasseurs-cuilleurs sont encore fort rares.

 

Pointes du Gazel

Pointe de Gazel. Le Peschio ancienne digue

 

Les indicateurs de la présence des paysans-bergers du Néolithique moyen se répandent et il en est ainsi jusqu’à l’âge du Bronze. Les études palynologiques*  à partir des prélèvements des tourbières contigües (Le Peschio, les Narses Mortes, la Nassette) confortent les résultats archéologiques.” (Preuves de l’intervention humaine sur deux sites pendant l’Atlantique (Néolithique Moyen) . Ce n’est qu’à partir du Subboréal (Chalcolithique -âge du Bronze) que les impacts anthropiques seront plus intenses (apparition de taxons – groupes ou catégories de plantes – associés aux cultures et aux pâturages, déboisements).”

* (palynologie = science paléontologique qui étudie les résidus de grains de pollen contenus dans les sédiment

 

Classement chronomogique

Classement chronologique de quelques éléments matériels caractéristiques.

 

 

Rappelons que ces petits silex sont les pierres angulaires de notre évolution et de ce que nous sommes aujourd’hui…

 

 

 

Sur le mont Lozère, ces dernières années les mises en culture se multiplient, évolution néfaste à la conservation des vestiges archéologiques, pauvres victimes de la mécanisation : déroctages brutaux et broyages systématiques après charriages…

 

Sans se lamenter indéfiniment, il est utile de souligner l’intétêt des sites de surface qui permettent de jalonner les voies de passage, d’entrevoir la densité de peuplement, la topographie  des différents lieux d’implantation et l’esquisse d’une attribution chronologique et quelquefois culturelle, même si elle reste trop souvent trop lâche, trop hypothétique…

 

Vue Mont Lozère sous la neige

Le mont Lozère

Cette montagne, au sud-est de Mende, constitue une dorsale transversale qui s’étire sur plus de 30 km pour une largeur moyenne de 8 à 10 km du col de Montmirat à l’ouest au Collet de Villefort à l’est. Finiels en est le point culminant soit 1699m !  Altitude source d’une relative rudesse climatique matérialisée par le “chapelet” de clochers de tourmente et colportée par l’expression courante “Ici il peut tomber des flocons de neige tous les mois de l’année.”

 

 

Gilbert Fages et Hugues Paris min

                                                Les deux conférenciers : Gulbert FAGES (archéologue) et Hugues PARIS (accompagnateur en moyenne montagne)

 

 

Photo de la salle

                                                                                  Vue d’une partie des auditeurs…Salle comble…plus de 60 personnes.

 

 Texte : @ Gilbert FAGES / Photos : @Hugues PARIS et Gilbert FAGES

@ CERBB.mars2020.