Ce mercredi 1er mars, le Centre d’Etudes et de Recherches Benjamin Bardy recevait comme conférencier, monsieur Gilbert FAGES sur le thème : « Histoire de sites et chantier autoroute A-75 »
Un quart de siècle s’est écoulé depuis l’arrivée de l’autoroute A-75 en Lozère. Ce grand chantier linéaire nord-sud avait engagé une opération archéologique négociée entre le Service régional de l’Archéologie (DRAC du L-R) et la DDE-Arrondissement Grands Travaux. Elle a débuté en 1989 par une Étude d’Impact Archéologique de trois mois confiée à Ph. Gros. Il s’agissait de prospections au sol sur toute la longueur du fuseau de 300 m suivi de sondages mécaniques pour un meilleur diagnostic des sites. Il est apparu que la destruction de trois sites était inévitable. Le premier au Champ del Mas, commune de Banassac, a donné lieu à un décapage mécanique étendu qui a mis au jour deux mausolées antiques. Sa fouille s’est poursuivie en 1990 avec des reconnaissances mécaniques élargies qui ont permis le repérage d’un habitat chasséen (Néolithique moyen, vers 3500 ans avant Jésus-Christ). Le dégagement manuel de ces empierrements s’est terminé l’année suivante avec les décaissements autoroutiers. En 1990, ce sont les gisements du dolmen de la Fare, ancienne commune du Monastier-Pin-Moriès, et la nécropole de la Croix des Anglais, ancienne commune de Chirac, qui voient l’arrivée des truelles et pinceaux des archéologues. Tandis que le chantier du premier est assuré par G. Fages, le second est pris en charge par I. Darnas.
Depuis, seule la partie antique du Champ del Mas (deux substructions de mausolées abritant quatre incinérations des dernières années du premier ou du tout début du deuxième siècle) a été publiée en 1996, dans la Revue Archéologique de Narbonnaise, par M. Feugère et Ph. Gros. L’ouvrage en préparation (160 pages environ), à paraître dans l’année en cours sous la forme d’un numéro spécial du Centre d’Études et de Recherches Benjamin Bardy, rassemble les résultats rédigés par les responsables d’opération avec la participation ou la contribution de quelques chercheurs ou spécialistes. Les trois sites, chacun à leur manière, éclairent des facettes du passé de ce territoire devenu le département de la Lozère. Le Champ del Mas, outre l’apport sur le funéraire antique, dévoile un type d’habitat en confluence de vallée nouveau ici. Cinq petits dépôts d’os humains brûlés attestent d’incinérations secondaires ce qui était et est encore exceptionnel puisqu’on n’en connaît que quatre cas pour tout le Midi de la France. Le dolmen de la Fare, bien que déjà fouillé ultérieurement, permet de « revisiter » la dizaine de sépultures mégalithiques du vallon de Marvejols-Chirac. Quant à la nécropole de la Croix des Anglais, avec sa soixantaine de tombes individuelles en caissons de lauzes, elle conforte les observations de la nécropole du haut Moyen Âge de Maison Rouge, commune de Marvejols.