Le camp de Rieucros

               Un camp d’internement français à Mende pour la mise à l’écart des étrangers, possibles fauteurs de troubles, « des indésirables » selon le terme du décret-loi de novembre 1938 signé par Edouard Daladier ?

 

 

baraque petit espagnolCe sera une triste et révoltante réalité de janvier 39 à février 42 avec le Camp de Rieucros, placé sous l’autorité du ministère de l’Intérieur et sous la responsabilité du préfet de la Lozère… Y seront d’abord internés des hommes refoulés d’Espagne, pour la plupart membres de Brigades internationales. Puis, il deviendra officiellement, en octobre 39, « un camp de rassemblement pour étrangères ».

femmesQui étaient-elles ces  quelque 300 détenues (en moyenne) ? Un mélange de 26 nationalités, d’âges divers et aux motifs d’internement bien différents : raisons politiques – plus particulièrement sous le régime de Vichy – pour la plupart des Françaises militantes (communistes, syndicalistes, résistantes, gaullistes) tout comme beaucoup des étrangères mais aussi pour des motifs moraux ou  même des délits et  pour d’autres enfin  « sans motif connu ». Des enfants ?  41 (en juin 40) dans le camp selon les rapports hebdomadaires ; on a dénombré au moins 6 naissances à Rieucros…

Leur vie s’écoule lentement et douloureusement dans ces baraquements exposés aux aléas météorologiques, à l’hygiène douteuse, à la sous-alimentation (à partir de juin 40) et aux maladies et épidémies… Les internées ne subirent pas des brutalités comme dans d’autres camps français mais la souffrance n’en fut pas moins quotidienne. Toutefois, face à cette adversité imposée, leur solidarité ne  restera pas un vain mot !

D’abord rejeté par la population locale, anxieuse et « modelée » par un déchaînement de la presse, Rieucros et ses captives  fut peu à peu mieux  « connu » grâce notamment  à l’action du maire Henri Bourrillon : exposition en  mairie (mai 40) de leurs réalisations en bois et en raphia, tickets de rationnement et repas de Noël offerts, scolarisation des adolescents… 

 

P1030854C’est cette triste et dramatique « France des camps » que, ce mercredi 8 mars, Mado Deshours et Samuel Caldier ont évoquée lors de la conférence donnée au CER Benjamin Bardy en présentant le camp de Rieucros.

S’appuyant à la fois sur des documents historiques et sur le travail de l’association « Pour le Souvenir du Camp de Rieucros », tous deux ont permis à la très nombreuse assistance (le local du CER se révélant trop exigu !) de découvrir ou de redécouvrir ce pan encore douloureux de l’histoire mendoise.  Qu’ils soient vivement remerciés !

L’histoire de ces  jeunes femmes dignes et fortes –  Dora Schaul, Angélita et leurs compagnes d’infortune – ou  de leurs enfants comme l’écrivain Michel Del Castillo, est une histoire à méditer  car , selon les mots d’Elie Wiesel,  “Il n’y a pas d’avenir sans mémoire”

 

 

Pour en savoir plus…”Association pour le Souvenir du Camp de Rieucros” www.camp-rieucros.com

Lecture recommandée:  SEUZARET-BARRY (Françoise), Justine, une oubliée de Rieucros. Ed La Mirandole

 

 

© CERBB