Conférence de M. Louis SCOTTO
Devant un public, venu très nombreux, plus de 70 personnes, Monsieur Louis SCOTTO,
Directeur adjoint du Centre Hospitalier Universitaire de Nîmes (ancien Directeur de l’Hôpital de Mende) a animé une conférence, le 23 janvier, sur le thème : la question Kurde au Proche-Orient depuis la Grande Guerre. Pour la tenue de cette conférence, le Centre d’Etudes et de Recherches Benjamin Bardy s’était déplacé à l’amphithéâtre de l’Institut de formation des soins infirmiers de Mende, mis gracieusement à sa disposition par Madame Deloménie, directrice, que nous remercions sincèrement.
Depuis la fin de la Grande Guerre et le Traité de Sèvres, la « question Kurde » dans cette région a toujours été une question d’actualité brûlante et la bataille qui se conclut actuellement à Kobané, entre l’Etat islamique et les miliciens kurdes de l’YPG, à la frontière turco-syrienne, en est la meilleure illustration.
Peuple installé dans cette région depuis l’antiquité, jamais reconnu comme entité politique, sauf exception, les Kurdes se sont engagés dans une résistance culturelle, linguistique et bientôt armée contre les pouvoirs en place. Cette résistance défend l’identité kurde mais déstabilise l’unité nationale des “nouvelles nations” issues des traités de 1920/1923, la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran. Le Traité de Sèvres, en 1920, concernait le démembrement de l’Empire Ottoman, mais aussi la création d’une région autonome kurde dans l’Est anatolien ; cependant celle-ci ne verra jamais le jour. Les populations kurdes, après le traité de Lausanne en 1923, se retrouvent définitivement placées sous l’autorité des quatre pays cités plus haut. L’espoir de voir naître un grand Kurdistan s’estompe au fur et à mesure des échecs politiques ; c’est ce dialogue difficile qui pousse les Kurdes, à partir des années 80, à privilégier la lutte armée au sein de mouvements révolutionnaires, ce qui provoque en retour une dure répression des régimes en place à Damas, Téhéran, Bagdad ou Ankara. Le PKK en Turquie, le PDK et l’UPK en Irak, le PJAK en Iran ou l’YPG en Syrie sont les représentants de cette résistance armée les plus connus en Europe.
Cependant, tout n’est pas simple car, d’une part, les pays concernés par la Question kurde n’ont pas envisagé de solution de partition et ne peuvent pas le faire aisément et, d’autre part, les Kurdes eux-mêmes n’ont pas toujours présenté pas un front uni.
En conclusion, si l’identité kurde, réalité historique, culturelle, et politique était reconnue, elle nécessiterait une complète révision des frontières des puissances du Proche-Orient, ce qui ne paraît pas possible pour l’heure, sans une nouvelle conflagration et, surtout, sans un accord international sollicité par toutes les parties concernées. Ce qui n’est pas encore d’actualité !
Le conférencier s’est efforcé, à travers son exposé très écouté, d’apporter un éclairage historique et une analyse sous l’angle des relations internationales à la problématique kurde, complexe, comme tous les dossiers de l’Orient. Il a su, d’une part, captiver son auditoire, et d’autre part, susciter de nombreuses questions.
Le Centre d’Etudes et de Recherches Benjamin BARDY exprime ses plus sincères remerciements à Monsieur louis SCOTTO.
L’exposé de M. Louis Scotto (2ème partie)