Quand un juriste éclaira la Lozère souterraine

Laurent Payrou, fonctionnaire de l’État et passionné du monde souterrain depuis plus de 30 ans à animé une conférence le mercredi 27 novembre dans la Salle Jean Jaurès, sur l’invitation du Centre Benjamin Bardy. Le thème abordé concerna le lien très fort unissant la Lozère au grand explorateur Edouard Alfred Martel.

Ce savant, étudia tout au long de la fin du XIX siècle de nombreuses grottes dans le monde. Bien qu’il fût destiné à une carrière de juriste, il s’obstina à poursuivre la voie peu lucrative de l’exploration d’un nouveau monde : celui des cavernes et des gouffres. La Lozère, département très riche en phénomènes karstiques et en beautés naturelles sera pendant toute sa vie l’objet de ses constantes prédilections. Il utilisera le résultat de ses recherches pour fonder une nouvelle science : la spéléologie. Il la mettra en valeur au travers de nombreux livres et de conférences. Son premier ouvrage : Les Cévennes et la Région des Causses sera édité en douze éditions et sera dédié aux Lozériens. Soutenu par une solide équipe dont le contremaître, Louis Armand, serrurier, forgeron au Rozier se rendra célèbre en 1897 par la découverte de la « merveille souterraine » qui portera son nom : l’Aven Armand. Martel sillonnera la région pour explorer l’Aven de Hures, la Grotte des Baumes Chaudes, la Grotte de Dargilan sans oublier l’Abime de Bramabiau qui sera l’acte de naissance de la Spéléologie en France.

Il voyagera dans le monde entier pour donner des conférences sur ses découvertes lozériennes quand il ne sera pas en exploration. L’Aven Armand figurera en bonne place dans le hall d’exposition du monde souterrain lors de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris.

Martel formera de nombreux disciples, surtout en Europe qui réuniront leurs recherches dans une publication intitulé Spélunca, organe de la Société de Spéléologie.

Bien sûr il s’intéressera au tourisme avec la parution de deux livres sur la Lozère et les Grand Causses : Causse et Gorges du Tarn en 1925 qui relancera cette activité au sortir de la grande guerre, puis son monument édifié à la Gloire de la petite patrie comme le dira Louis Balsan : les Causses Majeurs en 1936.

Avec l’aide du pasteur Paul Arnal, natif de Florac, il sera à l’origine du Club Cévenol, premier syndicat d’initiative du département et propagandiste acharné pour favoriser l’aménagement des sites naturels remarquables de la Lozère. Son portrait illustrera la première page de la revue plus que centenaire et encore publiée de nos jours.

Jusqu’à sa mort il vantera le charme de notre département, appuiera toutes les demandes d’aide en faveur du tourisme grâce à ses nombreuses relations dans de nombreux domaines tant dans celui de la science que celui de la politique. Les Aveyronnais, reconnaissant, lui rendront un vibrant hommage en le « bustifiant » de son vivant lors de l’inauguration de l’Aven Armand le 11 juin 1927. Il sera décoré de la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur.

Après une vie bien remplie, il se retirera dans son château de la Garde à Montbrison (Ardèche) où il décédera la 3 juin 1938 sans doute après une dernière pensée à ses chères Gorges du Tarn.

Laurent Payrou, conférencier