Elle est, depuis l’Antiquité, signalée autour du bassin méditerranéen ; il ne s’agit donc pas d’un nouvel organisme invasif. La Lozère a d’ailleurs connu par le passé, dans les années 1952 et 1992, des attaques de la même ampleur que celle de l’an dernier.
Cette chenille qui aime la chaleur, réagit fortement aux évolutions climatiques de ces dernières années et n’hésite pas à coloniser la France vers le Nord ( elle arrive aux portes de Paris) et en altitude. Les conditions météorologiques de 2017 couplées à une dynamique de population qui était ascendante ont conduit à la situation de crise que l’on a constaté principalement sur les grands Causses lozériens.
L’impact de la processionnaire est, d’abord, sur la santé humaine et animale. En effet, les poils urticants qu’elle dégage pour se défendre du mois de novembre à avril entraînent des lésions cutanées (démangeaisons…) voire oculaires ou engendrent des gênes respiratoires pour les personnes sensibles. On se doit donc, en ces périodes de pullulement, d’avoir des comportements responsables afin d’éviter au maximum ces gênes : porter des vêtements longs, ne pas jouer avec les nids ou les chenilles, éviter les promenades dans les secteurs infestés, tenir ses animaux de compagnie en laisse…
Ne pas toucher les nids
L’impact sur la végétation – bien que spectaculaire avec des centaines d’hectares roussis – est moindre car, en théorie, peu d’arbres meurent ( moins de 3%).Par contre ils sont affaiblis et cela, couplé à une forte sècheresse comme celle de l’an dernier, pourrait significativement augmenter ce taux de mortalité. Le printemps qui arrive permettra donc aux pins qui ont résisté de reverdir. Les touristes que nous accueillerons cet été pourront bénéficier de paysages “verts”.
Quant à la lutte, elle est impossible à imaginer quand on est en phase de crise avec des millions de chenilles sur notre territoire. Seule la nature avec son cortège de régulateurs (virus, champignons, prédateurs…) y parviendra. Des saisons plus froides en hiver, plus humides au printemps et globalement une année moins chaude permettront un retour à la normale. Mais est-ce pour 2018 ? Personne ne peut le prédire…
Moyens de lutte: prédateur (la mésange), piège à installer autour des troncs…
Pour autant nous pouvons agir. Plusieurs modes de lutte existent : pose de pièges à hormones pour limiter les reproductions, de nichoirs à mésanges, de sacs à collerette autour des troncs, couper et détruire les nids accessibles…Mais cela – pour être efficace – doit être mené par le plus grand nombre ( un peu comme le tri sélectif des déchets !) et surtout les années où il y a peu de chenilles afin de maintenir au plus bas les populations. C’est une lutte qui doit s’inscrire dans la durée.
Quoiqu’il en soit la chenille processionnaire sera présente encore de longues années sur notre territoire, nous devons apprendre à vivre avec !…
Laurent TOIRON, correspondant du Département de la Santé des Forêts de Lozère.
(Conférence donnée à la demande du CERBB le 30 mai 2018… Très vif succès : plus de 100 auditeurs réunis à l’Espace Jean Jaurès de Mende).
Documents illustratifs : © L.TOIRON / Photos © D.MATHIEU