C’est la question que les organisateurs du cycle des conférences du CER ont posée le 16 octobre 2019 à Gérard Cognet, expert en énergie et stratégie énergétique et ancien conseiller nucléaire en ambassade.
Répondre à cette question , une gageure ? Le conférencier a bien précisé en introduction qu’aucun expert au monde ne se hasarderait à prédire aujourd’hui ce que seraient les choix énergétiques au-delà de 2040 que ce soit à l’échelle de la France, de l’Union européenne ou du monde.
A l’appui de ce propos, il a présenté l’état des ressources connues aujourd’hui tant pour les énergies fossiles que pour les énergies faiblement émettrices de CO² (renouvelables et nucléaires) et l’impact géostratégique qu’ont eu sur les choix énergétiques d’une part la découverte – il y a moins de 20 ans – des pétroles bitumineux et des gaz de schistes, d’autre part un accident comme celui survenu à Fukushima en 2011.
Si l’exploitation par certains pays, notamment les USA, des pétroles lourds et des gaz de schistes changent la donne mondiale du point de vue de l’approvisionnement en énergie et des coûts associés, elle conduit aussi à prédire que l’accroissement de la demande énergétique – qui sera dans les prochaines décennies surtout le fait des pays hors OCDE – entraînera corrélativement un accroissement des rejets de gaz à effet de serre.
Rappelant que la mobilisation des scientifiques avait permis de démontrer l’effet des rejets des gaz à effet de serre sur le climat et la nécessité de se tourner vers l’utilisation d’une énergie sans carbone, le conférencier a montré que la prise de conscience au niveau politique de ces questions avait été tardive et jusqu’ici peu efficace même si des politiques dites “de transition énergétique” avaient été engagées, notamment en Europe, pour une utilisation croissante des énergies renouvelables (éolienne et solaire) et le développement de véhicules électriques.
Paradoxalement, c’est, selon G.Cognet, de la Chine que viendra le changement. Subissant très fortement la pollution qui résulte de son expansion rapide accompagnée d’une consommation effrénée d’énergie fossile, la Chine s’est engagée très récemment dans “une révolution énergétique“. Déjà, aujourd’hui,le pays représente plus de 40% des investissements mondiaux dans les véhicules électriques .
Indiquant qu’en 2040, d’après les meilleurs experts mondiaux , l’électricité devrait représenter près de 50% de la consommation totale d’énergie et sa production assurée à hauteur de 30% par les énergies renouvelables , G.Cognet insiste sur les problèmes posés par l’intermittence de ces énergies et l’absence – actuellement – de solution de stockage massif de l’électricité à l’exception des retenues gravitaires qui ne peuvent malheureusement pas être utilisées partout.
Le conférencier, monsieur Gérard COGNET
En conclusion, 2050 est loin mais proche à l’échelle du temps de développement d’une stratégie énergétique. A cette échéance, selon le conférencier, l’électricité prendra une part de plus en plus importante mais sa production implique – dès aujourd’hui – des choix des décideurs qui, en l’état actuel des connaissances, ne peuvent pas être pour la France autres qu’un “mix énergétique” basé sur les énergies nucléaires et renouvelables dont la complémentarité permet d’éviter les problèmes de réseaux.
G.Cognet a ensuite répondu aux très nombreuses questions qui ont porté – sur la réalité de l’objectif 50% du nucléaire en 2025 ou 2030,
– sur les technologies de stockage de l’électricité,
– sur l’espoir que l’on peut mettre sur la fusion nucléaire ou encore l’hydrogène.
Salle Jean Jaurès.Vue partielle des participants.