D’ouest en est, de Marvejols à La Bastide Saint-Laurent-les-Bains, une ligne de chemin de fer fut établie à travers la Lozère : le Translozérien était né...
Il fallut tout de même quelque 27 ans pour que cette liaison fût effective ! C’est en 1875 que les premiers coups de pioches furent donnés pour ce tronçon allant du Monastier à Mende.
Les premières difficultés furent rencontrées dans la région de Balsièges avec la nécessité du creusement de 2 tunnels – Bec de Jeu et La Farelle – et de 2 ponts. Le premier train parviendra à Mende le 3 mai 1884. Mende sera, d’ailleurs, la dernière préfecture française à être desservie par le rail, caractétistique qui ne sera pas la dernière particularité de cette ligne ! Mende, terminus de cette ligne, devra attendre 1902 pour avoir un débouché sur l’autre grande liaison ferrée située à l’est : la ligne dite “des Cévennes : Nîmes-Alès-Clermont-Ferrand.
Ensuite, dés le départ de Mende, il fallut creuser une tranchée, dite “tranchée du Villeret ou du Carmel” et construire un pont de type Eiffel – le pont métallique du Villeret dit aussi “de Mirandol”, pour franchir le Lot.
La ligne fut établie à voie unique ; c’est à la gare de Bagnols-Chadenet que les trains montants ou descendants se croiseront.
A partir de la halte d’Allenc, plusieurs trajets furent envisagés, et il semble que des influences locales orienteront le choix vers une solution qui s’avèrera plus délicate dans le cadre de l’exploitation de cette ligne…
Voilà encore une autre exception qui caractétise ce tronçon : la construction de 8 passages couverts pour éviter les congères. Ce type d’installation est unique en France, comme d’ailleurs la composition des trains dits “blindés” avec étraves de neige à l’avant comme à l’arrière ! Ces convois spéciaux – une exception lozérienne – permettent d’assurer un minimum de desserte hivernale. Malgré ce dispositif, il n’est pas rare que la SNCF demande le renfort du chasse-neige à étrave rotative basé à Aurillac ou encore de la motrice équipée d’une turbine qui vient de Chambéry afin de dégager les voies.
Passage couvert de Larzalier
Le translozérien est une ligne ferrée très spéciale et encore sans compter son embranchement militaire que l’on peut qualifier de “fantôme” !
En effet, pour des raisons stratégiques, au lendemain de la Guerre 14-18, les autorités militaires étaient à la recherche d’un lieu suffisamment isolé, loin des frontières, pour entreposer des munitions et autres substances peu “recommandables”…
Comme il fallait immerger les surplus explosifs, le choix se porta sur le site de Charpal qui n’était pas encore pourvu de son lac. C’est ainsi qu’une voie ferrée de 15 kms fut construite à partir de Larzalier, commune d’Allenc, sur le désetique plateau du Palais du Roy. Encore une exception : cette ligne avait une altitude moyenne la plus élevée de France – à plus de 1 300 m.
En fait, les rares trains qui circulèrent sur cette voie ne servirent qu’à acheminer les matériaux nécessaires à la construction du barrage de Charpal qui s’étalera de 1923 à 1929 et ne servirent jamais pour transporter des munitions !
Et dès 1933 , la décision est prise : le barrage ne servira pas aux militaires …Les rails seront déposés en 1938 et l’emprise de cette voie ferrée sera transformée en chemin d’exploitation agricole.
La commune de Mende achètera le barrage et sa retenue en 1948, pour assurer la fourniture en eau potable à la ville.
Texte et illustrations (photos, tracés…) © Jean-Marie GAZAGNE
Public toujours très nombreux et fort intéressé le jour de l’exposé de J.M. Gazagne.