Gîte minéralogique exceptionnel, unique en Lozère et bien au-delà !
J.Vacquier, M.H. Soubiran, G.Fages – les 3 conférenciers – avec le président J.Brajon.
Le bassin du Malzieu, plus précisément les abords de Saint-Léger-du-Malzieu, abrite donc ces “roches cassantes”. En effet, les hauteurs au nord et à l’est de ce bourg sont couronnées par un entablement plus ou moins démantelé de silexites, dites aussi “silcrètes” par les archéologues.
Sites à silexites (en orangé) autour de Saint-Léger-du-Malzieu
Cette particularité est bien connue des géologues. Elle figure sur les cartes géologiques et notices explicatives de la région. En 2014, le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières)- Service Géologique National- a même publié une fiche spéciale qui le décrit ainsi : “couches horizontales de silex massifs, épaisses de 1 m environ, occupant le haut du relief. Couleurs : Noir, rouge, jaune et blanc” et le classe parmi les sites nationaux assorti d’une étoile et deux étoiles pour le besoin de protection.
Secteur échantillonné (en haut de la carte)
En particulier trois sites: Le Rachias, Les Peyrousses, Les Gazelles.
Ces roches cassantes étaient connues des chasseurs de la Préhistoire dès le Paléolithique moyen ( 300 000 à 40 000 ans avant le présent). C’est l’abbé Delaunay qui a été le premier à signaler en 1866 , les silex taillés de Saint-Léger-du-Malzieu sous un étrange intitulé : “Découverte d’objets celtiques…” (Courrier deLa Lozère, Mende).
Texte repris 4 ans plus tard par M. Boule sous un titre approprié : “Atelier de l’âge de pierre…” ( Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’Homme, 1870). Lui-même, en 1887, signalera des observations semblables le long de La Reuyère , en amont du Malzieu.
Blocs de silexites, sommet et versant, lieu-dit: Los Gazellos
Blocs de silexites, lieu-dit: Peyrousses Hautes.
Depuis, bon nombre d’archéologues lozériens se sont intéressés au gisement : Les Dr Cortès, Gajac, Morel, G. de Chambrun et , en 1986, M.Philibert a rassemblé les résultats de prospections dues à des chercheurs locaux.
Enfin, une étude spécialisée : “L’espace minéral au Paléolithique moyen dans le sud du Massif central (volet Lozère)”, conduite par P.Fernandes et J.P. Raynal de 2006 à 2009, apporte un éclairage nouveau.
Dans les années 1980, Jean Combier, paléothicien au CNTS, avait reçu pour publication le produit des ramassages de M.et Mme Michou (parmi les fondateurs du CER).La relance du projet en 2004 n’avait pas abouti. Un heureux concours de circonstances, intervenu en 2018, a réuni quatre acteurs ( J.Combier, G.Fages, M.H. Soubiran et J.Vacquier) autour d’importantes séries privées et publiques de produits lithiques collectés aux abords de Saint-Léger-du-Malzieu depuis plus de 60 ans...
Quelques artefacts remarquables
Echelle: trait rouge=1cm (Cliquez sur l’image pour l’agrandir)
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Les premiers décomptes et examen en attribuent l’essentiel au Moustérien (Paléolithique moyen). Cependant, quelques éléments lamino-lamellaires attestent de la fréquentation occasionnelle du site au Paléolithique supérieur. Elle se poursuivra du Néolithique moyen au Néolithique final, période de colonisation agro-pastorale des hauteurs margeridiennes.
Deux grottes de Haute-Loire, fouillées par J.P.Raynal ont livré des artefacts en silicrètes de Saint-Léger-du-Malzieu et en silex de Naussac. A la grotte de Ste Anne I, la couche impliquée est datée du début du Stade Isotopique 6 qui correspond à l’avant-dernier glaciaire (191 000 à 135 000 ans avant le présent).
En conclusion, il est inutile d’insister sur la nécessité de préserver cette zone de la commune de Saint-Léger-du-Malzieu, aux confins occidentaux du bassin du Malzieu, tant pour le gîte géologique que pour le gisement préhistorique !
Texte et documents illustratuls © les conférenciers
Photos © D.Mathieu