Le mercredi 20 décembre dernier, Monsieur Nicolas Planche, professeur au Lycée Théophile Roussel à Saint-Chély-d’Apcher, a animé une conférence sur le Conseil National de la Résistance devant un public venu très nombreux.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France a été traversée par un vent de réformes sociales comme elle n’en avait jamais connu dans son histoire en si peu de temps Ces réformes qui constituent encore aujourd’hui le socle du modèle social français ont une histoire qui plonge ses racines dans la Résistance et dans l’une de ses instances : le Conseil National de la Résistance (CNR).
Ce dernier est le fruit d’un long travail d’unification par en bas commencée dès 1940. Mais les discussions et les tentatives de rapprochement des différentes organisations résistantes, qui avaient eu lieu dès 1942, n’aboutissent qu’après la libération de l’Afrique du Nord par les Américains. Le risque que celle de la France se fasse à l’enseigne du Général Giraud (considéré comme le dauphin de Pétain), soutenu par les Américains face à de Gaulle, contribue à souder les organisations de la Résistance intérieure. Jean Moulin est alors délégué par le Général de Gaulle pour mener à bien ces rapprochements. La dynamique aboutit alors à la réunion clandestine du 27 mai 1943 – rue du four à Paris -, durant laquelle est créé le Conseil national de la Résistance. Le texte constituant le CNR s’intitule « embryon de représentation nationale ». Y sont représentés les principaux mouvements de la Résistance (Libération, Combat, Franc-tireur, etc.), les principaux partis politiques ainsi que les organisations syndicales (la CGT réunifiée et la CFTC). D’emblée les résistants français souhaitent une France nouvelle à la Libération. Dès le mois de juillet 1943, des discussions sont menées au sein du CNR. Elles aboutissent le 15 mars 1944 à un Programme d’union nationale accepté à l’unanimité, dit « programme d’action de la Résistance ». Ce programme est un programme de très grande réforme.
Malgré quelques lacunes (vote des femmes, idée européenne…), et les difficultés liées au contexte de clandestinité, l’exemple du programme du CNR montre non seulement la bonne insertion de la Résistance dans la nation, mais son intégration dans le courant transnational de modernisation de l’État, dont le retour à la paix et à la liberté allait permettre l’épanouissement en Europe. De fait la rupture démocratique de 1944-1946, tracée à grands traits dans le texte, a été plébiscitée par le suffrage universel et ratifiée par la Chambre élue. En France, c’est probablement en 2007 que le programme du CNR a connu sa mise en cause la plus frontale, après les attaques restées confidentielles formulées en 1948 par les héritiers de la Collaboration. Sous le titre « Adieu 1945 ! Raccrochons notre pays au monde ! », un ancien responsable patronal DENIS KESSLER a proposé de « défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. Depuis le CNR subit de nombreuses instrumentalisations politiques, quitte à en détourner totalement le sens. Pourtant, même 80 ans après, l’expérience du CNR demeure une source d’inspiration. C’est ce que nous rappelle la conclusion du texte de mars 1944 :
« L’union […] pour l’action dans le présent et dans l’avenir, dans l’intérêt supérieur de la patrie, doit être pour tous les Français un gage de confiance et un stimulant. Elle doit les inciter à éliminer tout esprit de particularisme, tout ferment de division qui pourrait freiner leur action […]. »