L’exode des huguenots français vers les pays protestants afin d’échapper aux persécutions, est un évènement capital, qui s’étale pratiquement sur 2 siècles. En effet, selon l’historienne israélienne Mayriam Yardeni, le premier départ répertorié date de 1522 ; on peut citer parmi les derniers le pasteur Etienne Gibert, originaire de Saint-Martin-de-Boubaux, parti en 1770 à Guernesey alors que son frère avait rejoint la Caroline-du-Sud en 1763, en compagnie d’une centaine de Nouveaux Convertis des provinces atlantiques.
On distingue donc le « Premier Refuge », du 16e siècle, un maximum de départs après la Saint-Barthélemy (1572), puis le « Grand Refuge », qui suit la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. On estime qu’environ 150 000 à 200 000 huguenots ont pris le chemin de l’exil alors, qu’au tout début du 18e siècle, la France comptait 20 000 000 d’habitants…
Rappelons que les Pays du Refuge sont la Suisse, mais aussi l’Allemagne (territoires allemands du Saint-Empire), les îles britanniques, les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège, la Suède mais aussi la Russie, la Guyane, les colonies britanniques d’Amérique du Nord sans oublier l’Afrique du Sud. Dans ces différents pays, l’accueil est en général bienveillant, et l’apport économique, culturel et démographique de cette population, le plus souvent très qualifiée, se révèle précieux.
Les départements actuels du sud de la France, qui ont été les plus concernés par la diaspora protestante vers la Suisse, sont la Lozère, le Gard, l’Hérault, l’Ardèche, la Drôme, l’Isère mais aussi le Tarn, le Tarn-et-Garonne, les Hautes-Alpes et le Vaucluse.
Henry Mouysset a choisi trois personnages pour que l’on puisse évaluer, très concrètement, les difficultés rencontrées et les risques encourus par ces fugitifs pour retrouver la liberté de pratiquer leur religion, pour retrouver tout simplement la Liberté : un notaire qui refuse d’abjurer – et qui va se donner les moyens de rejoindre la Suisse – et deux guides professionnels : le suisse Paul Berger et Jean Massip, originaire de Cannes-et-Clairan dans le Gard.
A travers l’évocation de ces trois personnages, on suit l’itinéraire emprunté par la plupart des protestants puis des Nouveaux Convertis languedociens pour rejoindre la Suisse, en passant le plus souvent par Lyon.