Le mercredi 3 avril, Madame Sylvette Bayle, a animé une conférence au CER BB sur le romantisme allemand, et plus particulièrement, Caspar David Friedrich.
Cet artiste est considéré en Allemagne comme le chef de file des peintres romantiques et il est bien connu comme celui qui a su si bien représenter le « paysage de l’âme », mais en France, il reste encore largement inconnu du grand public, et ce ne sont pas les deux seuls tableaux de lui que l’on peut voir au Louvre qui peuvent contribuer à sa gloire internationale.
Cependant, cette année, après une nouvelle éclipse, il revient dans l’actualité, car les grands musées de plusieurs villes allemandes ont décidé de lui consacrer une grande exposition à l’occasion du 250e anniversaire de sa naissance. C’est ainsi que pendant la quinzaine franco-allemande en Occitanie, le Comité de jumelage Mende-Wunsiedel et le Centre d’Études et de Recherches Benjamin Bardy ont uni leurs efforts pour le faire un peu mieux connaître.
Deux guerres mondiales et la division de l’Allemagne après 1945 n’ont pas aidé à sortir son œuvre de l’oubli, et si l’on ajoute à cela le fait qu’il a été un homme discret, uniquement préoccupé de son art, de sa famille et non de sa renommée, cela explique qu’il soit plutôt passé à l’arrière-plan.
Malgré tout, de son vivant, il a traversé une époque marquée par de nombreux mouvements politiques et idéologiques : idées venues de la Révolution française, émergence du mouvement romantique, bouleversement de l’Europe dû aux guerres napoléoniennes…
Il est né à Greifswald, en 1774, un petit port situé sur la mer Baltique, dans une famille d’artisans aisés. Après avoir étudié le dessin à Copenhague, il a fini par s’établir à Dresde, d’abord comme peintre, ensuite il est devenu professeur à l’Académie de peinture. Mais il n’a jamais oublié son pays natal qui occupe une grande place dans son œuvre, et il y est souvent retourné pour de brefs séjours.
Néanmoins, on ne peut pas dire qu’il ait été ignoré de son vivant, car il a connu une certaine notoriété auprès des milieux artistiques et intellectuels de son époque ; il a beaucoup influencé quelques-uns de ses amis peintres et il a connu un certain succès auprès des têtes couronnées qui, pour la plupart, ont acheté ses tableaux.
Aujourd’hui on peut voir beaucoup de ses chefs-d’œuvre dans de grands musées de Berlin et de Saint-Pétersbourg parce que le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III et le tsar Nicolas Ier de Russie en ont fait l’acquisition…
Mais à sa mort, en 1840, beaucoup de ses tableaux ont été dispersés en Allemagne, en Suisse, en Russie, en Autriche et ont ressurgi beaucoup plus tard, au début du XXe siècle.
Après sa mort, le romantisme était déjà passé de mode et de nouveaux courants ont surgi, notamment l’expressionisme.
Cependant, nous pouvons nous réjouir de nos jours que certains de ses chefs-d’œuvre aient réussi à traverser l’oubli pendant deux siècles et deux guerres pour nous parvenir.
Les « Falaises de Rügen », le « Promeneur au-dessus de la mer de nuages », le « Moine au bord de la Mer de glace », les « Trois âges de la vie », ses merveilleux clairs de lune sur la Baltique et ses brumes sur les Monts des Géants sont encore là pour nous faire aussi comprendre l’artiste qu’il a été à cette époque lointaine et troublée. Le « côté obscur » du romantisme noir qui se dégage de certaines œuvres ne doit pas nous faire oublier sa vision mystique de la nature et l’espérance qui domine l’ensemble.
Madame Sylvette Bayle, conférencière