Flâneries à Meyrueis

 … un peu d’histoire

 Bâtie aux confluents de la Jonte, de la Bèze et du Brétuzon, blottie entre les causses Méjean et Noir, appuyée sur les contreforts de l’Aigoual, Meyrueis naquit vers 80 av.JC.

Nul ne sait si son nom vient du latin “midii riviis” (au milieu des ruisseaux)  ou d’un propriétaire foncier nommé “Maurus”.

C’est aujourd’hui la commune la plus au sud du département de la Lozère depuis la création de ce dernier à la Révolution, cette partie lui étant alors rattachée. Elle s’étend sur environ 15 000 ha pour la ville elle-même  (800) et ses 37 lieux-dits.

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M. Philippe Chambon, notre guide.

Incluse dans la “cité” de Nîmes, soumise aux Wisigoths de Septimanie puis aux Maures d’Espagne, la contrée intégra ensuite l’Empire franc sous Charlemagne.

Puissante baronnie et siège d’une “viguerie”, Meyrueis appartenait à la province du Languedoc. Son rôle administratif – qu’elle perdit à la Révolution – est attesté dès l’an 614 ( texte le plus ancien de son histoire).

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Municipalité autonome à partir de 1229, la cité fortifiée  (la ville et les faubourgs ou “barrys”) était dominée par un puissant château-fort (aujourd’hui disparu) sur le rocher ; point stratégique de par sa position frontalière entre Languedoc, Gévaudan et Rouergue. Ce château appartenait aux barons de Meyrueis , branche cadette de la puissante famille cévenole d’Anduze. Démantelé en 1632 et abandonné, il ne reste que quelques vestiges épars de cet antique castel des barons. En 1876, l’on  a édifié à son emplacement , la chapelle Notre-Dame du Rocher, objet de 2 pélerinages annuels ( mai et 15 août).

Devenue protestante dès 1550, Meyrueis connut alors deux siècles de conflits et de convulsions religieuses, heureusement apaisés de nos jours !

 … économie

Carrefour commercial situé sur le Camin Ferrat, son marché du mercredi   – cité dès 1033 – ainsi que plusieurs foires annuelles, attiraient les marchands de toute la région. De nos jours seules subsistent celle de “la St Baudile”( dernier dimanche de mai) mais surtout celle dela St Michel” (dernier dimanche de septembre) relancée il y a quelques années et au succès grandissant ; celle de 2019 sera la 719° foire ! Lors de ces grandes foires, son négoce (grains, laine,bêtes de somme notamment mulets) fut très actif  jusqu’à la fin du XIX°.

Elle voyait aussi passer de nombreux troupeaux transhumants en chemin vers l’Aubrac grâce à sa position sur l’une des grandes “drailles “. En route, par “la costo roumivo”,  vers Saint-Guilhem-le-Désert, les pélerins y faisaient halte à l’Hôpital St Jean et au prieuré St Pierre.

 

Meyrueis travaillait la laine  et produisait des chapeaux.

 La prospérité économique s’établit grâce à l’essor de plusieurs filatures de laine et de drap “cadi” (étoffede laine rustique tissée), des chapelleries –  17 ateliers en 1830 et la dernière fermera en 1921 – et des fabriques de bas de soie ou de coton.

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Les chapeaux étaient des chapeaux de feutre gris et/ou noir. Des moulins (13 ) à foulon  donnaient une fibre compactée ( même technique que pour la fabrication de la pâte à papier. “Lou pissaïre” récoltait chaque matin les pots de chambre ce qui permettait de “feutrer” la matière première ! Les parapets des ruissaux traversant Meyrueis sont tous “calibrés” pour faire sécher les pièces de feutre.

On distinguait 3 sortes de chapeaux mais tous fabriqués d’une seule pièce : – le “commun” avec juste la cloche façonnée…

                                                                                                                          – “le bourgeois ” avec du cuir et un ruban…

                                                                                                                           – “de grande fabrique”. Pour l’anecdote : il en fut offert un à Frédéric Mistral  pour aller recevoir son prix Nobel !

La commune atteint son apogée économique et démographique vers 1850 puis connut une période de déclin , heureusement amortie par le développement du tourisme à partir de 1890

En effet, de 1845 à 1875, la création de la route des Gorges de la Jonte amena  des modifications importantes pour l’agriculture  –  les laiteries (17 en 1930) travaillant pour Roquefort remplacèrent les productions traditionnelles ( lait et laine) sur le causse Méjean – mais aussi l’industrie – disparition progressive des chapelleries –  et la mise en place du tourisme  autour des grottes de Dargilan (découverte en 1880), de Bramabiau (1888, 1° exploration de Martel), de l’ Aven Armand (1897), du site de L’Aigoual et le circuit des Gorges du Tarn. L’Office du Tourisme fut créé en 1894.

De nos jours, l’activité touristique  représente 50 % du revenu global de la cité  : avec son millier d’habitants , Meyrueis est l’un des principaux pôles touristiques départementaux.

Les 50% autres se répartissant entre l’activité autour du lait ( Roquefort, Pélardon), l’élevage des chevaux, une usine “La Lozérienne plastique”( 1° fabricant et fournisseur des chariots pour éboueurs municipaux), 2 collèges (270 élèves) et une maison de retraite ( 40 résidents et 40 emplois générés).

 

… en parcourant ruelles, places et quartiers

Les puissantes fortifications qui enserraient la cité furent rasées (1628)  pendant les Guerres de religion  .De nombreux bâtiments furent eux aussi détruits après la paix d’Alais (1630) stipulant le démantèlement des villes protestantes.

Ainsi, le temple construit en même temps que la Réforme pénétrait à Meyrueis, sur le modèle de celui du Collet-de-Dèze,  fut détruit en 1685. On sait qu’à  Pâques 1587, il avait accueilli 1180 personnes !

 Temple du Collet-de Dèze :le plus ancien temple de France.1646 ; 2 étages avec tribunes en bois ; inscription :”Il sera donc comme un homme qui, allant en voyage, a laissé sa maison et donné pouvoir à ses serviteurs, àchacun son ouvrage, et au portier il a commandé de veiller…” ( St Marc XIII, verset 34)

Deux portes ” pied de ville” et “cap de ville” avec 2 “péages” obligatoires donnaient accès à la vieille ville.

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La Tour de l’Horloge (1568) supporte une cloche , vieille de 380 ans, qui faisait partie de  l’ancien temple. Sur sa panse on peut lire : “Veuillez et priez car vous ne scavez quand viendra le maître, au soir, à minuit ou au matin lorsque chante le coq – 1634 – Marc XIII-35″

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“La maison du Four des Juifs” : un compoix de 1620 atteste de “maisons de la Juiverie”. La communauté juive s’est éteinte ensuite.

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Rue de la Ville : vestiges du 1° temple : édifié avant 1580, il n’en reste qu’un mur appareillé de quelque 20m de longueur sur 5m de hauteur, nommé par les habitants “le temple vieux”. Diverses sources le décrivent comme un quadrilatère d’environ 400  mètres carrés pourvu de 2 étages.  Une cour, propriété du collège catholique Ste Marie en occupe l’emplacement.

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Maison Portalier : XV°. Chez Portalier dit Tricaudin mangeur de Reinals. Elle faisait office tout à la fois de cabaret, de tripot , de “chambres d’hôtes” voire de maison close !

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Maison des Viguiers :1530.

 Viguier de l’occitan ” viguièr, du latin “vicarius” (remplaçant) qui a donné en Français “vicaire, voyer”

Le viguier est le juge, qui, à l’instar des prévôts royaux dans les provinces de France, rendait la justice dans le Midi (Languedoc,  Roussillon…) au nom des Comtes puis du Roi.

Elle arbore de superbes fenêtres à meneaux et les “portraits ” en sculptures de pierre d’un couple : François et Douce.

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Eglise St Pierre : une seule nef, le choeur ouvert et des chapelles ouvertes sur la nef.

Dépendant de l’Abbaye de St Guilhem -le- désert, elle fut reconstruite en 1663 après les ravages des Guerres de Religions et agrandie  en 1857  – deux chapelles – en raison de la progression démographique des catholiques  notamment des Causses. En 1595, sur 4224 habitants, on ne comptait que 22 catholiques . Le déséquilibre entre enfants catholiques et protestants  s’accrut peu à peu : les premiers descendaient sur Meyrueis tandis que les seconds partaient plutôt vers Nîmes poursuivre leurs études et ne revenaient pas à Meyrueis. Aujourd’hui, on compte, de souche locale,  40% de protestants,  50% de catholiques  et 10% d”indifférents” .

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L’église renferme des petits “trésors” : le calice de l’abbé Faure :  un verre gravé, ciselé  dont le prêtre se sert à la célébration de Toussaint; le pied a été refait par un atelier viganais ; des ornements sacerdotaux (XVII° XVIII°) sauvés par une paroissienne et Philippe Chambon de la fureur quelque peu  iconoclaste d’un prêtre !

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La restauration de l’église est en cours.

 

Le Temple protestant : il a été édifié entre 1837 et 1842 sur les plans de M.Meynadier, agent voyer supérieur faisant fonction d’architecte. Il est inscrit  depuis 2008 à l’Inventaire des Monuments Historiques. Sa restauration est en cours : projet piloté par l’Association Cultuelle de l’Eglise Protestante Unie de Meyrueis dont le président n’est autre que M.Philippe Chambon, notre guide d’un jour !

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Plan octogonal  à 2 niveaux , couvert d’une coupole lambrissée et pouvant accueillir jusqu’à 400 personnes. 

L’espace intérieur est en hémicycle centré sur une chaire en bois de noyer surmontant le pupitre du chantre et la table de communion. Au-dessous “le banc des Anciens”. Les panneaux de part et d’autre de la chaure  indiquent les cantiques chantés au cours du culte. 

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 Texte : ©  Philippe CHAMBON guide-conférencier ( CR pour la presse) et Pierrette OZIOL (notes) . Photos : @ Daniel MATHIEU, Jean-Marie GAZAGNE et CERBB.

Pour visualiser les photos cliquez sur la première image.

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